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Le billet d'humeur du DF : l'IA - Welcome to the machine...

On entend beaucoup parler d’IA, ces temps-ci.

À la télé, sur les réseaux, dans la presse, au boulot, sur cette plateforme. C’est le sujet-tendance. Il n’y a donc pas de raison qu’il n’en soit pas de même en ces lignes…

Au Collège, en Comité de Direction, à côté de la machine à café, certaines perspectives font effectivement rêver : rédiger les P-V’s de réunion et synthétiser les avis et commentaires de chacun, rédiger des notes et avis juridiques pertinents en un minimum de temps, automatiser certains process lourds et contraignants, digitaliser nos montagnes de papier, etc.

Mais au milieu de tous ces papillons qui frétillent dans les estomacs de certains à ces perspectives, je me pose plutôt comme un vilain gargouillis…

Sur ce coup-là, je sais que je nage à contrecourant, mais à mon sens, cette folie collective autour de l’IA est une erreur au niveau civilisationnel, et une insulte à notre humanité.

Je ne pense pas être un technophobe radical, mais la manière de développer ces outils (en pillant le travail d’auteurs, de journalistes, et d’artistes), la course au développement (cette fuite en avant, cette dérégulation, cette totale perte de raison et de mesure), les êtres abjects qui la développent et surtout les raisons pour lesquelles ils la développent sont autant de briques supplémentaires au mur que je bâtis entre moi et cette technologie.

Alors oui, je sais, avec des gens comme moi, on écrirait toujours au stylo et on dupliquerait ses livres de comptes avec du papier carbone. Et puis si on m’écoutait, on n’aurait jamais validé l’invention du train, etc. Ben non, le progrès, je valide. Le fait que certains s’enrichissent car ils dirigent des boîtes qui développent le progrès, je valide. Les technologies, je valide. Mais je les choisis, en fonction de mes besoins et en fonction de mes valeurs. Subir les technologies que l’on veut nous imposer et accepter que d’autres définissent nos besoins est pour moi une aberration.

Oui, je vous entends, c’est un outil. Et ce qui compte, c’est ce qu’on fait de l’outil. Un outil en soi n’est pas dangereux. Mouais… C’est un peu le discours que tiennent les lobbys des flingues aux États-Unis, ça… Mais soit, passons...

Je voudrais juste ajouter que dans mon petit monde à moi, où l’on écoute de la musique sur vinyle, où on lit des livres de papier, et où les téléphones sont accrochés aux murs par des fils, ce genre de chose dépasse le cadre du simple outil informatique, mais touche au fondement même de notre humanité. Me voilà projeté en pleine dystopie, uploadé dans un cloud où je suis réduit à une série de chiffres 1 et 0, bouffé par la Matrice. Me voici réduit à un produit, un simple consommable, sous l’emprise de techno-barons qui rêvent de transhumanisme, et sont financés par des cohortes de mecs en costard qui me regardent de haut en se demandant comment nous remplacer, moi et mon équipe, par des robots et des IA à moindre coût. Bientôt, on ne parlera plus de charges salariales mais de droits de douane. Dans ce monde déshumanisé et éviscéré par des machines sans dieu, dans lequel la vérité et la décence ne sont plus que des flux indifférenciables de l’opinion de votre influenceur préféré, je me sens swipé comme un date tinder avec de mauvaises stats. Et si cette perspective vous effraie, n’allez surtout pas en parler à un pote ou un psy : un agent conversationnel confortant et bienveillant s’occupera bien de bouffer vos données avant de vous pousser au suicide.

Mais sinon, l’IA au boulot, ouais, chouette. Si ça permet déjà à certains d’écrire sans faute et d’ajouter plein de petits émoticons à leurs messages, ce sera déjà ça de pris…

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